Trois ans de prison dont deux avec sursis, c’est la peine qu’a requis le procureur de la République à l’audience de ce mardi 25 juin devant le tribunal correctionnel. Les magistrats compiégnois jugeaient Lucie Pachocinski après l’accident qui avait coûté la vie à Katia Duval, le 17 juin 2023.
L’accident s’est produit à la fermeture du Quennezil, la boîte de nuit située sur la route de Soissons à CompiègneA . Trois jeunes femmes ont quitté l’établissem*nt à bord d’une Citroën C1. Au volant, se trouve Lucie Pachocinski. Elle a deux passagères : Katia Duval, assise sur le siège passager à l’avant et une troisième jeune femme à l’arrière.
La voiture quitte le parking de la boîte de nuit sans marquer l’arrêt au stop et s’engage. Un poids lourds circulant vers Compiègne voit la voiture traverser devant lui. Il n’arrive pas à s’arrêter et percute la voiture. La petite C1 est projetée de l’autre côté de la chaussée et termine sa course contre un panneau de signalisation. Cet accident aura pour conséquence la mort de Katia Duval.
Elles avaient passé la soirée au Quennezil
A l’audience, les magistrats évoquent la nuit du 16 au 17 juin. Les trois jeunes femmes, trois amies, passent la nuit ensemble au Quennezil. La prévenue avait gagné un magnum de champagne et décide de le partager avec ses amis dans la boîte de nuit.
Appelée à témoigner à l’audience, la passagère qui se trouvait à l’arrière du véhicule raconte : «Nous avions convenu de boire chacune deux verres, mais pas plus. Katia ne savait pas conduire de véhicule à boîte automatique. Et Lucie avait déjà conduit ma voiture donc je lui avais laissé les clés pour qu’elle nous ramène.» Aux magistrats, la jeune femme confesse ne pas avoir pris le volant en raison de sa consommation de stupéfiants. «J’étais plutôt partie pour fumer que pour boire.»
Mais à la barre du tribunal, la prévenue conteste. Selon elle, elles ne s’étaient pas mises d’accord pour que ce soit elle qui conduise. «Je n’avais jamais conduit cette voiture avant ce soir-là. Et si j’avais décidé de conduire, j’aurais pris ma voiture.»
Alcoolisée, elle avait tout de même pris le volant
Les trois jeunes femmes ont quitté l’établissem*nt peu de temps avant sa fermeture. Plusieurs clients ont témoigné auprès des policiers. Et tous sont formels. Les trois jeunes femmes étaient ivres au moment de quitter le Quennezil. «Les retours des analyses toxicologiques ont permis de révéler un taux d’alcoolémie de 0,99 gramme d’alcool par litre de sang pour la prévenue. En revanche contre toute attente, les résultats sont revenus négatifs pour les deux victimes», précise la procureure de la République à l’audience.
«Votre alcoolisation, madame, ne fait pas débat», lance la présidente du tribunal à la prévenue qui rétorque ne pas se souvenir de ce qu’elle a bu durant la nuit. Et la procureure reprend : «Des clients, le vigile… Quatre personnes vous ont déconseillé de prendre le volant, vous proposant de rester dormir sur le parking. Cette prudence élémentaire, vous auriez pu la trouver en vous-même ou auprès de ces amis. Pourtant, vous avez tout de même décidé de prendre le volant.»
Les trois femmes inconscientes après le choc et grièvement blessées
Les témoins sont formels. Ils ont vu la voiture effectuer de drôles de manœuvres sur le parking avant de partir. Un client décrit un «burn», un autre évoque des «dérapages incontrôlés». Pour sa défense, Lucie Pachocinski évoque avoir eu du mal à maîtriser la conduite de la C1.
Après le choc avec le poids lourd, la C1 est projetée de l’autre côté de la chaussée contre un panneau de signalisation. Les trois occupantes de la voiture sont inconscientes. Katia Duval, la passagère avant de la voiture ne portait pas sa ceinture de sécurité. Elle succombera à ses blessures. La passagère arrière est héliportée. Dans un état grave, elle passera plusieurs jours dans le coma. Elle aussi grièvement blessée, Lucie Pachocinski est elle aussi hospitalisée.
«Je suis impardonnable»
Face à la conductrice, la procureure demande au tribunal de prononcer une peine de trois ans de prison deux avec sursis probatoire. Elle requiert une détention à domicile sous surveillance électronique pour effectuer la partie ferme de la peine. Elle demande au tribunal de lui interdire de fréquenter les débits de boissons ainsi que de constater l’annulation de son permis de conduire et l’interdiction de le repasser avant 6 mois.
A l’audience, la jeune femme s’adresse une dernière fois à ses juges. «Je suis impardonnable, je m’en veux énormément.»
Le tribunal a mis sa décision en délibéré à l’audience du 4 juillet.
La prévenue malmenée sur les réseaux sociaux
Au début de l’audience, Me Anthony Alexandre sollicite le huis-clos. Devant les magistrats, il justifie sa demande par les injures et la diffamation que sa cliente subirait sur les réseaux sociaux. «On l’affuble de tous les noms. On la traite de “salope”, de “criminelle”, on parle “d’homicide volontaire”… L’ex-bellle-mère de madame s’est saisie de cette affaire pour tenter de lui faire retirer la garde de ses enfants. Elle fait cela depuis l’incarcération de son fils, placé en détention provisoire dans le cadre d’une autre affaire.»
Finalement, c’est en public que l’audience se tiendra.
«Nous avons bien conscience de la grande souffrance et de la colère que certains d’entre vous peuvent ressentir vu ce qu’il s’est passé, mais il est important que tout le monde entende et comprenne ce qui se dit ici aujourd’hui.» Et d’appeler tout le monde à avoir une attitude digne.
